Le gouvernement prépare une petite révolution fiscale pour 2026. L’actuel abattement de 10 % pour frais professionnels appliqué aux pensions de retraite pourrait céder sa place à un abattement forfaitaire de 2.000 euros.
C’est une mesure qui semble technique mais qui pourrait avoir un impact concret sur le portefeuille des seniors. Alors, qui en profitera et qui risque de perdre ? Tout dépend du niveau de revenus.
Abattement actuel : un calcul proportionnel
Aujourd’hui, les retraités bénéficient d’un abattement de 10 % sur leurs pensions plafonné à 4.399 euros pour l’imposition des revenus de 2024. Concrètement, plus la pension est élevée, plus l’avantage fiscal augmenté jusqu’à ce plafond.
Un couple qui perçoit 40.000 euros par an profite ainsi pleinement du dispositif. Mais un retraité qui touche 15.000 euros de pension n’obtient qu’une réduction de 1.500 euros, soit bien moins. Cette méthode favorise ainsi davantage les pensions élevées.
La nouveauté : un forfait fixe de 2.000 euros
Dès 2026, le calcul proportionnel devrait disparaître au profit d’un forfait unique de 2.000 euros. C’est plus simple mais aux effets très variables selon les situations.
- Pour un retraité seul avec 20.000 euros de pension, le gain est quasi identique : l’abattement reste équivalent.
- Pour ceux dont les pensions sont inférieures à 20.000 euros, le forfait est avantageux : leur revenu imposable diminue davantage, notamment leurs impôts et, dans certains cas, améliore l’accès à certaines aides sociales.
- À l’inverse, pour les foyers plus aisés, la réduction d’impôt sera limitée à 2.000 euros au lieu de 3.000 ou plus auparavant.
Cette réforme crée donc un effet de bascule net entre foyers modestes et foyers plus riches.
Des gagnants… et des perdants
Selon l’Institut des politiques publiques (IPP), la réforme pourrait générer 1,5 million de gagnants parmi les retraités modestes (environ 9 %) et 1,4 million de perdants (8 %) parmi les foyers plus aisés. C’est un vrai jeu de vases communicants : ce que certains gagnent, d’autres le perdent.
L’objectif est d‘alléger la facture fiscale des seniors aux revenus modestes tout en demandant un effort supplémentaire à ceux mieux dotés. Mais l’impact final dépendra de la manière dont le forfait sera appliqué.
Deux scénarios possibles
Tout repose sur une question cruciale : le nouvel abattement sera-t-il pris en compte uniquement pour le calcul de l’impôt sur le revenu ou aussi pour le calcul des aides au logement (APL) ?
- Scénario 1 : double demande (impôt + APL). L’effet serait fortement redistributif. Les retraités modestes bénéficiaient d’un avantage réel, et l’État économisait environ 550 millions d’euros .
- Scénario 2 : impôt uniquement. L’État engrangerait près d’ un milliard d’euros mais la majorité des retraités seraient perdants, et l’effet social de la mesure serait réduit.
Cette précision pourrait donc tout changer, selon que l’on regarde le côté redistribution ou recettes publiques.
Entre justice sociale et équilibre budgétaire
Derrière cette réforme apparemment simple se cache un équilibre délicat. Faut-il favoriser les retraités modestes et réduire légèrement les recettes de l’État ? Ou privilégier les rentrées fiscales au risque de pénaliser une majorité de seniors ?
Comme souvent avec la fiscalité, la question est une question de curseur. Certains voient dans ce forfait un geste de justice sociale, d’autres y perçoivent une injustice pour ceux qui ont cotisé longtemps et perçoivent des pensions plus confortables.
Une réforme à suivre de près…
En résumé, le forfait de 2.000 euros pourrait soulager une partie des retraités, tout en diminuant l’avantage fiscal des plus aisés. Mais tant que le cadre exact de l’application n’est pas précis, l’incertitude demeure.
Cette mesure soulève donc de nombreuses questions notamment sur le calcul précis des pensions et sur les critères d’éligibilité.
En matière d’impôts, le diable se cache toujours dans les détails. Les retraités devront donc scruter attentivement les textes pour savoir s’ils feront partie des gagnants ou des perdants de cette réforme et anticiper les éventuels ajustements à venir.